mardi 29 juillet 2008

Le dernier virage à gauche - Prologue


Dépêche AFP 12/856-77/97-11
Saint-Raphael-Le-Gentil, 14/11/1997

Dans la nation entière, le chagrin et l'émotion le disputent à l'horreur suite au terrible accident de la circulation ayant entraîné le décès de trente huit enfants et de deux adultes, à Saint-Raphael-Le-Gentil le 12 novembre 1997. Les circonstances particulièrement terribles du drame ont choqué jusqu'au Président lui-même qui, de retour d'un court séjour à l'étranger, a fait part de sa "très vive émotion et de (sa) compassion envers les familles des 38 petites victimes innocentes et de leurs accompagnateurs" dans ce qu'il faut bien qualifier de l'une des plus meurtrières catastrophes routières de ces dernières années, au même titre que la tragédie du camping Los Alfaquès en Espagne ou de l'autoroute A6 à Beaune.
Les familles éplorées se sont réunies ce matin dans la chapelle ardente établie à la hâte au sein du gymnase de Saint-Raphael-Le-Gentil, pour se recueillir devant les malheureuses petites dépouilles, au moment où le Ministre de l'Intérieur faisait état "d'élements de progrès nets dans l'enquête visant à établir de manière claire les circonstances de cette épouvantable tragédie", ajoutant que "les responsabilités seraient établies avec diligence et sévérité".
D'après les premiers éléments de l'enquête, c'est en traversant à 23 heures la forêt de Saint-Raphael-Le-Gentil, connue sous le nom de Forêt du Loup Perdu, en abordant un virage avant la lisière, que le chauffeur aurait perdu le contrôle du bus ramenant les enfants d'une visite à un célèbre parc d'attractions. Incontrôlable, le véhicule aurait alors dévalé la pente abrupte parsemée de rochers et d'arbustes, avant de percuter le fond de la ravine trente mètres plus bas et de s'embraser, ne laissant aucune chance aux passagers pris au piège.
Mais par delà l'intense émotion, la polémique enfle autour de plusieurs aspects de l'enquête. Beaucoup s'interrogent sur le trajet choisi par le chauffeur, la Forêt du Loup Perdu étant réputée non pratiquable pour les transports lourds à cause de ses routes très inclinées. De plus, les autorités ont déjà annoncé qu'une autopsie du corps du chauffeur allait être délicate, l'incendie ayant considérablement déterioré un grand nombre des corps suppliciés.
Les obsèques des victimes auront lieu le 15 novembre, alors qu'au travers tout le pays, les drapeaux des mairies ont éte mis en berne, et qu'une minute de silence sera observée demain à midi dans tous les lieux publics.
Mais par délà ces témoignages poignants de solidarité, dans ce climat lourd, les familles des victimes espèrent, pour trouver la paix, que leurs questions ne demeureront pas sans réponse.

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