mardi 28 octobre 2008

Dernier soir sur la Terre

Eh ben ! J'en avais déjà bien chié pour creuser la tombe de mon père et le placer dedans, mais là, pour tout reboucher c'était l'enfer : j'avais mal aux mains, au dos, au cou, et je n'en étais qu'à la moitié. J'avais creusé le trou au fond de notre jardin : j'ai pensé que c'était là qu'il aurait aimé reposer, près de la cabane à jardin. Il y passait des heures.
On était fin septembre, par une de ces fins d'après-midi grises qui vous fout le cafard. Moi, j'aime bien quand il fait beau, même si la température est froide : au moins il y a du soleil. Tout sauf ce plafond bas uniforme. On se croirait dans le Nord.
Oh et puis merde, j'arrête à la moitié, pour ce que ça changera... Au fond du trou, on voit encore quelques plis de la couverture bleu que j'ai utilisée pour l'enterrer, genre linceul. La terre n'a pas tout recouvert.
Je me suis redressé - mon cou a fait "crac" - et j'ai regardé autour de moi : la veranda déserte, la baie vitrée que j'ai laissée ouverte, le salon silencieux. De l'autre côté du jardin, il y a le sapin dont les branches pendent en partie chez le voisin, qui est mort il y a deux semaines, lui. Ce sont les services sanitaires de l'Armée qui ont évacué le corps. Mon père et moi, on s'était planqués à la cave pour pas être embarqués par les militaires, parce qu'ils continuaient à parquer les gens dans des camps de rétention ("Unités de survie", ça s'appelle, mais moi j'appelle ça un camp, désolé).
Mon père et moi, on a regardé par le soupirail les soldats et leurs drôles de combinaisons noires, les masques, les gants et tout, prendre d'infinies précautions pour charger dans leur camion blindé un sac vert qui devait contenir le voisin. L'évacuation a duré dix minutes et ensuite, ils sont partis. En s'éloignant, le camion a expulsé un énorme nuage de fumée grise. Pollueurs !
Alors, mon père s'est tourné vers moi et m'a dit hyper-sérieusement :
- Brendan, tu as treize ans, tu es un grand garçon, il y a des choses que tu peux entendre.
J'ai rien dit.
- Brendan, toi et moi, nous savons que tu es un... un Absous.
Les Absous, ce sont les gens qui n'ont pas choppé le SRAS-4, la maladie à la mode en ce moment. "Absous" pour "absolution", du style : la maladie nous a pardonnés, vous voyez le tableau. Il y avait polémique, avant que la télé ne cesse d'émettre, pour savoir si les Absous étaient vraiment immunisés contre S-4 ou au contraire, si la maladie finirait pas les avoir, eux aussi. La grande théorie, c'était que les gens qui avaient eu SRAS-3 -et s'en étaient sortis- étaient protégés contre SRAS-4. Une maladie qui immunise d'une autre ? Arrêtez de délirer, les mecs !
Mais j'en reviens à mon paternel... Il était lancé :
- Brendan, si je meurs, je ne veux pas que tu te laisses embarquer par les militaires pour qu'ils t'enferment en camp de retention. Je veux que tu cherches l'antenne Better Tomorrow la plus proche. Ils... ils te protègeront.
Pour les retardataires, Better Tomorrow c'est une espèce de groupe genre religieux qui recueille les Absous isolés, leur donne à manger, des fringues, des trucs comme ça. Pour les autres, les non-immunisés, c'est même pas la peine : S-4 les lessive en moins d'une semaine.
- Promets-moi, mon fils, promets-moi... gémissait mon père dans la cave.
Il n'avait jamais prononcé mon prénom autant de fois.
- Oui, p'pa. Je le ferai. Mais ne parle pas comme ça.
Il s'est mis à pleurer. Je n'ai pas trop su quoi dire.
Quatre jours après, il a commencé à tousser comme un malade, sans pouvoir s'arrêter. De petites ecchymoses brunes sont apparues sur son cou et ses avant-bras... C'était râpé.
Une semaine plus tard, il était mort.
Sur le coup j'ai chialé mais je me suis ressaisi assez vite : mon père m'avait élevé seul, ma mère avait foutu le camp quand j'étais très jeune, et je n'avais pas de frère et soeur alors bon... je savais me débrouiller. Mais quand même, ça m'en foutait un coup.
Alors voilà, je l'ai enterré. Ou plutôt... à moitié enterré.
Ce soir, il faut que je me repose parce que demain, on taille la route ! La mission Better Tomorrow la plus proche est à deux semaines de marche, à environ 80 bornes au sud de la ville, au bord de la mer. C'est ça leur truc, à Better Tomorrow : rassembler les Absous pour construire un bateau et partir sur les océans, émigrer vers une île où il n'y a pas de SRAS-4, et re-peupler la Terre. Mortel ! En tout cas, ça risque d'être sympa.
Je vais vérifier de nouveau mon sac que j'ai gavé de boîtes de conserves et de bouteilles d'eau minérales. Je suis allé me servir dans le supermarché désert qui se trouve de l'autre côté du lotissement : il y a une réserve qui a échappé au pillage d'une bande d'Absous il y a un mois. L'Armée les a mis en fuite, mais les voyous ont incendié la station-service, et quand les réservoirs ont explosé, les murs de la maison ont tremblé et les flammes montaient à cent mètres dans le ciel ! Wow, ça déchirait ! Le feu a même détruit une partie des grandes lettres sur le toit du supermarché : maintenant, on peut juste lire "E. LEC", tout le reste a cramé.
Bon, allez, vérification du sac !
J'ai fait un bref signe de croix en direction de la tombe de mon père, et je suis retourné dans le salon allumer les bougies. La nuit était déjà tombée, je ne l'avais même pas remarqué.

*
* *

Deux jours de perdus ! J'y crois pas !
J'avais traversé la ville du Nord au Sud et ça s'était plutôt bien passé : j'avais failli me faire repérer par une patrouille de soldats et tomber nez à nez avec une bande de maraudeurs Absous qui zonaient près de l'ancienne FNAC transformée en mausolée, mais in extremis, je les avais évitées toutes les deux. Ma bonne étoile, qu'est-ce que vous croyez ?
Et là, patatras : le seul pont encore en état pour traverser les deux bras du fleuve est bloqué par une sorte de gang de zonards, punks à chiens et tout. Ils sont une vingtaine, que des mecs et pas mal de clébards.
Que faire ? Mon père m'avait dit que le prochain pont praticable était à trente kilomètres à l'Ouest, vers la mer. Quant aux autres, l'Armée les a tous fait sauter.
Je suis resté presque deux jours planqué là, dans un ancien atelier abandonné en face du fleuve. Des combles, je les apercevais. Dès que j'entendais du bruit, je rampais fébrilement vers le trou dans le toit, espérant les voir déguerpir. Ils n'ont vraiment pas l'air commode. L'autre jour, ils ont fait sa fête à un type atteint de SRAS-3 qui s'est approché d'eux en titubant. De loin, dans mon poste d'observation, j'arrivais à distinguer le teint cireux de sa peau et le flot de bave qui s'écoulait sans discontinuer de sa bouche. C'est comme ça que ça marchait : flot de bave, fièvre, peau jaune voulaient dire SRAS-3. Hématomes bruns sur le corps et respiration caverneuse : SRAS-4. Moi, quitte à choisir, je préfèrerais mourir de SRAS-4 plutôt que SRAS-3. Toute cette bave, c'est dégueulasse.
Enfin bref, quant ce pauvre type est arrivé sur le pont, les zonards l'ont aussitôt repoussé avec de grandes perches et des barres-à-mine et ensuite, ils l'ont poussé par dessus le parapet, dans le fleuve, les enfoirés. Le mec hurlait. Atroce. Pas pu trouver le sommeil ce soir-là. Vous comprenez que je ne tiens pas trop à m'approcher d'eux.
Alors bon, le reste du temps, je grignote dans mes conserves, je dors et joue avec mon Rubik's Cube. C'est con : mon Blackberry 70M n'a plus de batterie et il n'y a plus de courant pour le recharger. Alors, j'ai emporté ce cube multicolore dans mon sac. Vous rigolez, mais ça aide à passer le temps : maintenant, j'arrive à le finir en deux minutes.
Soudain, en début d'après-midi, miracle ! Un véhicule avant blindé de l'Armée a fait irruption depuis l'Avenue Clamozy et a immédiatement commencé à allumer les punks au fusil-mitrailleur. Délire ! Quatre maraudeurs sont tombés, d'autres ont sauté dans le fleuve, et le reste s'est barré vers le Sud, hors de la ville. Le camion s'est arrête, un soldat en combinaison noire est descendu et a bombé les quatre corps avec un truc fluo, puis il a regagné le véhicule et ils ont foncé droit dans la direction où les punks venaient de fuir.
C'était le moment ! J'ai saisi mon sac, descendu hyper-vite le vieil escalier jonché de détritus de l'atelier et ai couru sur le pont. On sentait encore bien l'odeur de poudre, j'hallucinais ! Quand je suis passé près des corps au sol, j'ai détourné les yeux. Il me semble qu'il y en a un qui bougeait encore mais je ne me suis pas attardé, vous comprenez bien. En dix minutes, j'étais de l'autre côté. Gagné !
Je n'ai pas traîné pour ne pas tomber sur les punks Absous ou sur les militaires, et j'ai pris en oblique par la voie ferrée désaffectée qui passe par la grande banlieue Sud-Ouest, pile poil ma direction. Quasiment toutes les baraques et immeubles y ont brûlé, mais la semaine entière de pluie de septembre dernier a tout éteint. C'est juste l'odeur qui est dure à supporter. Mais j'aperçois déjà au loin les étendues vertes des premiers paturages communautaires. Demain, j'aurai quitté la ville.
Ce soir, après ces émotions, je vais m'offrir un petit somme dans une cabane abandonnée près de la voie ferrée. J'avais imaginé dormir sur l'une des banquettes d'un resto Quick aperçu non loin des rails mais j'ai dû laisser tomber. Dans les frigos privés d'électricité depuis trois mois, la bouffe avait pourri. La puanteur qui s'en dégageait était une véritable infection.
En plus, ça grouillait de rats.

*
* *

Putain, ce que je suis crevé... Vu que ça fait cinq jours que je marche et que je n'ai pas trop le moral pour écrire, je vais me contenter de relater quelques scènes de mon voyage. J'ai carrément l'impression que tout fout le camp.
Il règne une sale ambiance, c'est le moins que l'on puisse dire. Par exemple, le premier jour. J'ai eu une envie pressante et je me suis arrêté devant un corps de ferme abandonné. J'ai appelé "Il y a quelqu'un ?" en sachant bien qu'il y avait peu de chances pour qu'on me réponde et pas loupé, je n'ai eu que le silence en retour. Alors j'ai contourné le bâtiment principal pour être au calme et faire mes besoins tranquilles... et paf ! Je suis tombé sur eux, les habitants de la ferme. Enfin, ce qu'il en restait. Ils étaient quatre, recroquevillés sur le sol noirci. Je ne sais pas comment ils s'y sont pris, mais je pense qu'ils ont dû s'immoler, parce que j'ai vu, à côté des cadavres, un bidon de trente litres d'essence complètement calciné. Les flammes avaient léché le mur de la ferme, le lierre en avait pris un coup mais l'ensemble avait assez bien resisté. J'avais plus trop envie de traîner par là, vous comprenez bien, alors j'ai reculé. A côté des silhouettes difformes, il y en avait une plus petite. Quand j'ai compris ce que c'était, je me suis mis à courir, pour mettre le plus de distance entre moi et ce trou d'Enfer. Dans leur désespoir et leur volonté d'en finir, ces gens avait également immolé leur propre chien.
N'empêche que ça m'avait secoué, cette vision. Comment peut-on en arriver là ? Enfin bon, moi j'irai jusqu'au bout. J'ai une mission : atteindre Better Tomorrow, et j'y arriverai !
Le lendemain, après avoir dormi sous un arbre plusieurs fois centenaire (tiens, les plantes peuvent-elles choper la maladie ? Et les animaux ?) donc après m'être remis en route, je suis entré dans un petit village médiéval au bord d'une rivière et là, j'ai commencé à chercher un peu de flotte et de bouffe, histoire de recharger. J'ai aperçu une petite place avec un vieux marché couvert et une enseigne ECO-U délavée de l'autre côté. Super, j'ai pensé, elle a peut-être échappé au pillage ! Deux-trois boîtes de raviolis et je recommencerai à croire en Dieu.
J'ai pu entrer par la vitrine défoncée et en passant sous un amoncellement de cadis, j'ai atteint les rayons. Il ne restait rien d'intéressant mais, derrière un distributeur de Coca, j'ai mis la main sur une boîte familiale de miettes de thon. Expire à fin 2012. Bien joué, Brend' !
J'ai pensé me poser ici une journée, trouver une maison où je pourrais pioncer un bon coup... et soudain quelque chose a attiré mon regard. Sous le toit en bois du vieux marché, il y avait un truc qui pendait. Je me doutais bien de ce que c'était mais je me suis approché quand même. Pas pu m'en empêcher. Je dois commencer à développer un penchant pour ce genre de choses, c'est inquiétant.
Attaché par les pieds à l'une des robustes poutres supportant l'armature du toit, le corps d'un homme balançait doucement au gré du halètement des airs, le silence tranquille de la scène uniquement troublé par le grincement de la corde brune frottant contre le bois rugueux. Il était entèrement nu, mais ce qui m'a choqué, ce n'est pas la vilaine teinte cireuse de la peau, les pauvres organes génitaux rabougris, mais la figure du pauvre type : dans sa bouche et ses yeux, on avait enfoncé de la paille. Sur son ventre, un panneau de carton avec écrit dessus : "PILLAR". Plus facile de lyncher un pauvre gars que d'apprendre l'orthographe, pas vrai les mecs ? Putain d'enfoirés.
Et si les gens qui vivent encore ici, s'il y en a, me tombaient dessus ? Pas question de traîner. Direction la sortie du village et ensuite droit vers le Sud, moi, mon sac et mes miettes de thon.
Et puis avant-hier, mon premier contact depuis des jours avec un être humain vivant. Devant la place centrale de Crussy, la préfecture du département. Sur les marches de l'église, il y avait un homme assis. Je traversais les rues de nuit, la lueur de la pleine lune constituant alors un précieux atout. Bizarre, quand même : plus aucune patrouille de militaires depuis que j'ai quitté la ville, il y a cinq jours.
Sur la place éclairée par la lune ronde qui la faisait resplendir comme en plein midi, j'ai aperçu ce petit homme déjà âgé, au crâne dégarni, sur les marches de l'ancienne église romane aux colonnes immaculées. Je me suis approché : sous l'éclairage blafard de l'astre nocturne, j'ai vu briller le minuscule crucifix argenté sur le revers de sa veste défaite. Un prêtre : bonne pioche. Je pourrais peut-être me confesser, rapport à mon père que je n'avais pas fini d'enterrer... C'est con mais ça me taraudait depuis trois jours.
Et puis, qui sait, il sera peut-être d'accord pour m'accompagner jusqu'à Better Tomorrow ?
J'étais maintenant à trois mètres de lui.
- Mon Père ? ai-je demandé doucement.
Silence.
- Mon Père ? j'ai fait, un peu plus fort.
Il a relevé la tête. J'ai immédiatement vu la bave grise au coin de ses lèvres. Il n'en avait sans doute plus pour très longtemps. Sous la lune, ses yeux cernés semblaient deux puits noirs, reflets funestes d'une âme au fond de l'abyme.
- Mon fils, repends-toi, il a dit.
- Pourquoi ?
- Repends-toi pour les pêchés de l'humanité, mon fils.
- Je ne peux pas, mon Père.
- Tu ne peux pas te repentir pour Jesus Christ, le Fils de l'Homme ?
- Non.
- Et pourquoi donc ?
- Parce que je suis un Absous, mon Père.
Silence, de nouveau. Mes mots l'avaient visiblement touché. De sa bouche pendante, un filet de bave s'est écoulé. En tombant sur le sol, il a fait "ploc".
- Mon Père, j'ai repris, voulez-vous m'accompagner à l'antenne Better Tomorrow ?
- Il n'y a pas d'antenne Better Tomorrow, fils, a-t-il répondu.
- Pardon ?
- Il n'y a pas de Better Tomorrow.
- Qu'en savez vous ?
- Parce que Armageddon me l'a dit.
Complètement siphonné, ce curé.
- Armageddon et les trompettes de Jéricho, mon fils, a-t-il reprit. Tends l'oreille et tu les entendras.
- Je vais y aller, mon Père.
- Armageddon...
J'ai tourné le dos au pauvre type et j'ai hâté le pas. La place était déserte. Pas un son.
Vivement que j'arrive, j'ai pensé. Les conneries, ça commence à bien faire. Derrière moi, le curé m'a apostrophé :
- Repends-toi, Absous, Armageddon arrive ! Il me l'a dit !
- Merde, mon Père.
J'ai couru sous la lune, dans les rues désertes. Si le curé m'avait poursuivi, je l'aurais étalé. J'en suis capable : j'ai quand même fait deux mois de tae-kwon-do.

*
* *

Mon voyage s'achève. Je les ai trouvés. Au bord de la mer, le long de cette plage jonchée de détritus qui mettront des millénaires à disparaître. En tout cas, qui dureront beaucoup plus longtemps que nous, les humains.
J'ai aperçu cette grande villa que je cherchai depuis le matin, deux jours après ma rencontre avec le curé illuminé. Flottant dans l'air, agitée mollement par le vent, la banderole qui pendait du toit semblait une bien dérisoire invitation, avec juste ces quelques lettres lisibles dans les plis du tissu : "Better Tom". C'est marrant, ça m'a fait penser au "E. LEC" du supermarché qui a brûlé pas loin de chez moi. J'ai commencé à avoir un mauvais pressentiment mais j'ai quand même hâté le pas.
En haut des marches de la villa démesurée, j'ai actionné le heurtoir en forme de tête d'éléphant de la porte d'entrée. C'est con, mais je me voyais pas faire irruption comme ça, donc j'ai frappé. Et j'ai attendu. Là encore, le silence.
Alors, j'ai contourné le mur d'un patio à gauche et je les ai découverts dans le jardin qui surplombait la plage. Ils devaient être une vingtaine, à peu près autant d'hommes que de femmes, inanimés. J'ai vu aussi les jattes encore remplies d'une eau devenue saumâtre, les bouteilles de whisky et de gin par terre, les centaines de capsules beige et rouge dans le sable, les petites boîtes d'emballage qui s'étalaient par dizaines sur la véranda, la table de pique-nique, le petit escalier qui menait à la mer, des dizaines de boîtes où étaient inscrits ces mots fatidiques bien connus de ceux qui partent pour le long séjour dont on ne revient pas : Fenergan, Atharax, Mogadon, Valium. Il avaient sûrement dévalisé la pharmacie du coin.
Better Tomorrow... Je ne vous en veux pas.
Alors, adossé au mur du patio, je me suis mis à pleurer, à pleurer et j'ai bien cru que je ne pourrais jamais m'arrêter, que j'allais me dessécher pour ne plus faire qu'un avec ce sable que j'aime, et mes larmes allaient former une rivière et se jeter dans l'ocean qui, sous le soleil impérial, resplendissait comme un miroir ardent.

*
* *

C'est la fin de la journée et je suis resté sur la plage depuis le début de l'après-midi. Il faut que je me mette en recherche d'un abri pour passer la nuit. Pas question de dormir dans la maison de Better Tomorrow.
J'ai allumé un petit feu et mangé ce qui restait des miettes de thon. Avant cela, j'ai ouvert les yeux le plus longtemps possible pour ne rien perdre du coucher de soleil. Malgré les larmes qui coulaient, j'ai tenu à le regarder : Ra, le Père de toute vie.
Jamais je ne me suis senti aussi seul.
Maintenant la nuit est tombée. Je commence à avoir froid. Derrière moi, les flammes meurent petit à petit.
Putain, ce que je suis crevé... Tout à l'heure, en approchant du feu pour remuer les braises, j'ai crû voir de petites ecchymoses brunes sur mes avant-bras. Mais c'était peut-être un reflet.
Je vais m'allonger un peu, attendre... Demain, si j'arrive à me lever, je reprendrai la route de la ville et je retournerai finir d'enterrer mon père. Ensuite, je m'allongerai près de lui et je regarderai les étoiles, ces diamants célestes qui illumineront par millions mon dernier soir sur la Terre.
J'ai posé ma joue sur le sable frais, en ai caressé doucement chaque grain. J'ai humé l'iode, bercé par le son du ressac rassurant.
Finalement, j'ai fermé les yeux.

vendredi 17 octobre 2008

Une teuf d'enfer

Samedi, 21:10
Thierry Pastor, "Coup de folie". Un classique.
Le martèlement des basses et la voix aigrelette rendue suraigüe par les enceintes ne laissait pas de place au doute : la fête se déroulait bien dans cet appartement.
Un couple se trouvait devant la porte. Lui tenant une bouteille de rhum vieux emballée de papier blanc, elle un CD caché dans une pochette FNAC rectangulaire. Le dernier album de Bénabar. Elle détestait.
Xavier, le garçon, avait laissé son doigt sur la sonnette vingt bonnes secondes : enfin quelqu'un vint ouvrir.
C'était elle. Nathalie. Quand elle vit Xavier, elle poussa son couinement habituel :
- OUIIIII ! Trop le délire !!
Au même moment, Gilbert Montagné démarra son "Sunlight des Tropiques", chanson de bon goût constituant l'ingrédient indispensable de toute soirée réussie. Du moins, c'est ce que Nathalie semblait penser.
- Délire !! ENTREZ !!
Ce qu'ils firent. Dans le hall, Florence, la copine de Xavier, soutint le regard insistant d'un jeune étudiant boutonneux qui la détaillait de la tête aux pieds depuis la cuisine allumée. Il détourna les yeux.
Son regard se posa sur Nathalie qui lui tendait la joue droite. Nathalie était l'ex de Xavier. Ils étaient toujours proches malgré leur rupture six mois auparavant.
- Bon anniversaire ! dit Florence.
Elle lui tendit le paquet. Nath le déchira frénétiquement.
- Ouah ! Délire !! Un CD ! Merci ma biche...
Elle embrassa Florence. Son haleine sentait le tabac et le Malibu. L'odeur d'alcool eut un effet immédiat sur Flo : un net sentiment de colère se mit à l'envahir. Elle respira calmement.
- Calme, ma vieille, calme... pensa-t-elle.
Son irritation se dissipa lentement.
Du regard, elle chercha Xavier mais il se trouvait déjà dans la salon. Les choses ne marchaient plus si bien que ça entre eux, depuis quelque temps déjà. Ils étaient ensemble depuis trois mois, couchaient depuis deux mois et demi. Deux semaines d'attente avant le premier rapport. Question de principe pour Flo.
Mais c'est justement le sérieux et la sobriété de la jeune femme qui semblait agacer Xavier. Peut-être qu'en venant ce soir, il cherchait... autre chose. De l'exubérance. De la folie. De la vie. Flo se sentit triste : elle venait de se rendre compte qu'elle n'avait aucun véritable ami ici.
- Pose ta veste dans ma chambre, au fond du couloir à droite, ma biche ! cria Nat. Qu'est-ce que tu veux boire ?
- Pas d'alcool, en tout cas.
- Ah bon ?
Flo se rembrunit.
- Non. Jamais d'alccol. Ce truc me rend... malade.
- Bon. Il y a des jus de fruit, du Coca...
- Du Coca, c'est parfait.
Là encore, le revival eighties fit irruption dans la conversation : Début de Soirée venait d'annoncer une "Nuit de Folie". Nath se mit à couiner comme une folle et courut dans le salon.
- J'irai me charger du Coca moi-même, soupira Florence.
La cuisine lui apparaissait hostile : très éclairée, plusieurs mecs qui y roulaient des joints. Pas son truc.
Elle se décida pour le salon.
En entrant dans la pièce occupée par une vingtaine de personnes, elle tomba direct sur Xavier. Il l'embrassa, se colla contre elle. L'étudiante sentit son début d'érection.

Dimanche, 00:05
Série slow. Avec "True", Spandau Ballet déversait la traditionnelle soupe synthétique eighties sur des esprits déjà bien échauffés après presque trois heures de libations. Toujours solidaire, Xavier n'était pas en reste et venait de finir son cinquième JB Coca lorsqu'il invita Florence à danser :
- J... joue contre joue, ma chérie, souffla-t-il.
Elle accepta à contre-coeur, bien qu'assise depuis déjà une heure.
Par desssus l'épaule du garçon, Florence se mit à détailler le salon, la guirlande lumineuse blanche qui jetait sur les quelques douze visages présents une lueur fantomatique douce et intime, la petite table à dessin posée sur tréteaux qui servait de mini-bar et buffet. A côté, sur la bibliothèque garnie de livres de poches, la maîtresse de maison avait déposé un joli chandelier à 6 branches. La flamme ténue de chacune des bougies ondulait légèrement, comme au rythme de la mélodie.
Xavier tenait l'étudiante serrée contre lui de façon plus pressante, plus avide. Son érection avait cru en ampleur. Il avait passé une bonne partie de la soirée à parler à Nathalie, son ex, et Florence commença à soupçonner que son émoi phallique en était peut-être le résultat.
Au même moment, son copain cala son regard dans le sien et articula :
- J'espère que tu ne t'ennuies pas trop, chérie ? Tu sais, j'ai passé du temps avec Nathalie parce qu'il fallait qu'on tire des choses au clair, mais...
Flo ne l'écoutait déjà plus. En parlant, l'haleine alcoolisée du garçon s'était projeté vers le nez, la bouche de la jeune femme qui cette fois-ci fut submergée par un flash énorme de colère, violent et indistinct.
- C'est quoi cette musique de pédé ? grogna-t-elle. Si ça continue, je vais lui enfoncer son iPod dans le cul, à cet enfoiré de DJ !
Elle regarda Xavier.
- T'as un problème ?
La stupéfaction de l'étudiant était telle, ses yeux tellement exorbités que la rage de Florence reflua légèrement. Elle se dégagea de l'étreinte faiblissante du garçon.
- Oh et puis laisse tomber, c'est plus la peine ! lâcha-t-elle.
- Mais enfin...
Elle se dirigea vers la cuisine. Dans l'entrée de la porte, Nathalie la regardait. La colère de Flo gagna de nouveau en ampleur.
- Plaît-il ? fit-elle avec une pointe d'agressivité.
- Je voulais te servir un verre, discuter un peu, faire connaissance, répondit Nathalie sans se démonter. Je tiens à m'occuper de mes invités.Et puis... j'ai envie qu'on devienne amies.
Flo ferma les yeux. Dans l'obscurité, des points rouges virvoletaient. Elle inspira puissamment, rouvrit les yeux et se retourna. Dans la salon, Xavier n'avait pas bougé. Elle fit face à Nath et dit :
- Pourquoi pas ? Je t'attends à côté. Un Coca.
Le sourire pacifique de Nath s'altéra quelque peu sous le ton coupant utilisé par l'étudiante mais elle décida de rester digne et s'en retourna calmement dans la cuisine, provisoirement désertée.
Saisissant un gobelet de plastique blanc, Nath y versa une solide rasade de Coca. Brusquement, elle eut une idée.
- Soit elle est timide, soit elle très conne, pensa-t-elle. Un petit peu de rhum dans son verre devrait l'aider à se détendre...
Elle agrippa une bouteille de vieux Saint-James vidée aux trois quarts et en fit tomber quelques gouttes dans le gobelet. Pour elle, un Malibu ananas, le sixième de la soirée. Elle s'en foutait, elle ne conduisait pas.
Florence se trouvait à l'entrée du salon. Elle semblait livide, mais peut-être était-ce la guirlande translucide qui passait au-dessus d'elle, sur la chambranle de la porte. Xavier était invisible.
- A la tienne, chérie. Et cul sec ! s'exclama Nath.
- C'est ça.
Florence avala son verre d'une traite.

Dimanche, 01:10
La fête battait son plein, même si quelques convives avaient pris la tangente pour les raisons habituelles : job le lendemain, copain fatigué, copine pantouflarde, peur du gendarme. Ceux qui restaient se trouvaient largement imbibés : on déplorait d'ailleurs une petite flaque de dégueulis dans l'entrée, bien vite épongée par une âme charitable, et une grosse, par contre, dans l'évier et qui, elle, stagnait de façon nauséabonde. Ceci expliquant peut-être cela, "Walk of Life" de Dire Straits ruisselait à flots épais depuis les enceintes.
Au fond du couloir, près de la porte, deux étudiants, dont seulement un connaissait Nathalie, observaient discrètement à l'intérieur de la chambre plongée dans l'obscurité. Dans la confusion générale de cette soirée, personne ne faisait attention à eux. .
- Tu crois qu'elle dort ? demanda le plus petit des deux. Elle avait l'air d'avoir son compte.
- Ce serait pas étonnant, fit le second, le boutonneux qui avait dévisagé Florence à son arrivée, depuis la cuisine.
Dans la pénombre, allongée sur le lit, on distinguait la forme d'une femme.
- Qu'est ce qui s'est passé, au juste ? demanda le boutonneux, tout bas.
- Ben... elle a bu un verre et elle est tombée direct dans les pommes !
- D'accord...
Le boutonneux poussa doucement la porte. L'indifférence générale des autres convives et l'inconscience de la silhouette silencieuse allongée dans le noir constituaient deux avantages dont il comptait bien profiter.
- Qu'est-ce que tu fous, bordel ? fit le petit.
- Ta gueule !
Les nanas bourrées, c'était son truc. Il en avait déjà peloté plusieurs comme ça. Une fois, lors d'une fête chez une étudiante en Fac de Lettres, il avait même sorti son sexe durci et éjaculé abondamment sur la cuisse d'une fille en total évanouissement éthylique dans une des chambres. Personne n'avait moufté.
- Et celle-ci va y avoir droit comme les autres, sourit-il.
Sa respiration se fit haletante. Il repoussa la porte et s'avança dans l'obscurité, vers le lit.
Les sens en éveil, Florence ouvrit les yeux. Tout à l'heure, quand elle avait avalé son verre cul-sec avec l'autre conne, la rage qui l'avait envahie était telle, malgré la faible quantité de rhum mélangé au Coca, qu'elle en était tombée dans les vapes. Mais là, elle venait de reprendre connaissance et sa haine, son mépris et sa colère la dévastait au point de la zombifier.
- Payer payer ils vont tous payer... fut sa dernière pensée.
Elle tourna la tête à gauche, distingua le misérable visage grêlé d'acné qui s'avançait dans l'obscurité, le sexe mi-mou qui pendait entre les jambes maigres. Elle tendit la main et agrippa le pénis, les testicules, la périnée en une fois. Son poing se verrouilla, pivota de 90 degrés, broyant les fragiles organes. Le boutonneux s'évanouit aussitôt. Un mélange de sang et d'urine gicla sur le poignet de l'étudiante, augmentant encore sa fureur. Elle tira très brusquement le bras vers elle, déchirant davantage les tissus suppliciés. Elle bondit du lit, évitant de justesse le corps inerte du garçon qui s'écroula.
Fonçant vers la porte qu'elle ouvrit brutalement, elle tomba nez à nez avec le petit acolyte de son agresseur. Le "O" que formait la bouche du type fut immédiatement effacé par un terrible coup de boule. Projeté en arrière, il bascula contre la porte de la chambre d'en face, qui s'ouvrit.
Cette chambre, elle, était éclairée. Le spectacle n'en était que plus saisissant.
A genoux, la tête légèrement penchée, très à son ouvrage, Nathalie taillait une pipe grand format à Xavier qui semblait à l'aise, debout, les yeux mi-clos.
En une seconde, Florence fut sur eux. Elle agrippa la tête de Nathalie de la main gauche et, de la droite, remonta violemment la mâchoire inférieure de la jeune femme. Xavier hurla et s'effondra en arrière.
Nathalie tomba sur le cul, les yeux écarquillés, le sexe du jeune homme encore dans la bouche.
Voilà, ça c'était fait. Prochaine cible : ce DJ de merde qui l'avait saoûlée des heures durant avec sa musique pourrie. Elle fonça vers le salon.
- Mais, qu'est ce qui se... ? crut intelligent de dire une petite brune à lunettes un peu boulotte qui lui barrait la route.
Florence arma son coude et lui expédia une énergique manchette dans la pommette droite. Pour la petite grosse, l'axe des abscisses se confondit aussitôt avec l'axe des ordonnées.
Le salon était clairsemé. L'étudiante marcha sur le DJ qui virevoltait derrère son iPod ; au passage, elle agrippa une bouteille qui traînait sur la petite table faisant office de bar et en asséna un coup énorme dans la face de l'animateur de la soirée. C'était un type gentil mais un peu lourd, très porté sur la variété française des années 80. Avant de sombrer dans l'inconscience, il eut le temps de penser une dernière fois que "Etoile des Neiges" (Simon et les Modanais) était une putain de bonne chanson.
Un grand type, genre école d'ingénieur, saisit l'épaule de Flo. Se retournant prestement, elle l'assomma avec la bouteille récupérée juste avant. Détail touchant : c'était le cadeau que Xav avait apporté.
Le type heurta la bibliothèque : elle vacilla dangeureusement. Le chandelier tomba sur la table-bar : la nappe en papier blanc s'enflamma aussitôt. Une fille hurla.
Florence se rua vers la porte d'entrée, la déverrouilla et l'ouvrit, faisant sursauter la voisine du dessous qui écoutait les convives depuis le palier. C'était une habitude chez elle : elle passait son temps derrière la porte à écouter chez Nathalie s'il y avait du bruit. Parfois avec son mari, également.
Cherchant à se donner une contenance, elle croassa :
- Non mais, c'est pas bientôt fini, votre bor...
Florence agrippa les cheveux de la voisine et se mit à courir à toute allure au travers du couloir, la femme hurlant à ses côtés. Arrivée devant la porte du fond (celle de l'appartement de Valy, une ancienne amie de Nat avec qui elle s'était brouillée) elle projeta la tête de la voisine contre le bois dur à environ 30 kilomètres à l'heure.
Sans vérifier le résultat, elle s'engouffra dans l'escalier de secours situé à droite. Derrière elle, les gens hurlaient. D'autres habitants de l'étage sortaient déjà de chez eux.
L'étudiante dévala les marches 4 à 4, traversa le hall et se retrouva dans la rue. Sa fureur la dévorait. Elle cracha. Dans sa main en sang se trouvait toujours la bouteille de rhum vieux. Jetée violemment sur le sol, elle explosa en mille débris scintillants.
Au loin, le hululement d'une sirène prenait de l'ampleur.
Elle se remit à courir, longea le square en face de l'immeuble et disparut dans la nuit.

Dimanche, 05:30
Maladroitement, le clochard porta à sa bouche la bouteille de Valstar souillée posée à même le sol. Son ivresse le faisait tituber, mais il n'était pas saoûl au point de faire tomber son bien le plus précieux, sa bouteille d'alcool, bien plus précieux encore que son chien-loup. Non, quand même pas son chien. Lui, c'était son copain.
Il émit un rot sonore.
Malgré la fraîcheur de la nuit, il se tenait bras nus. Des tatouages artisanaux et irréguliers parsemaient ses biceps. Sur le gauche, on pouvait lire "Mesrine" et le symbole "A" de l'anarchie. Etrange association, pour le coup. Sur le biceps droit, un poignard et autres signes étranges. Souvenirs lointains d'une révolte adolescente qui avait fini par le mener inéxorablement à la rue et à la marginalité, comme ses deux compagnons de galère qui dormaient à côté sous une minuscule tente Quechua violette, avec leurs trois chiens. Dans son sommeil léger, l'un des animaux émit un souffle bref.
Brusquement, l'homme se retourna. A quelques mètres de lui, dans l'obscurité, se tenait une femme.
- Eh, c'est quoi, ce bordel ? fit-il.
La forme s'approcha. Pas de doute, c'était bien une femme. Ses cheveux pendaient devant son visage. Malgré son ivresse, l'homme, habitué à l'hostilité de la nuit, avaient tous ses sens en éveil. Il se méfiait. Elle n'était peut-être pas seule.
La forme était toute proche. Apparemment, elle n'était pas suivie. Elle sentait mauvais.
L'homme crut avoir une bonne idée.
- T'as... t'as soif ? Tu veux boire un coup ? demanda-t-il.
Il lui tendit la bouteille.

*
* *

Feuille de chou locale, lundi matin
Un drame évité de justesse
C'est juste à temps que les pompiers ont pu circonscrire un incendie qui menaçait un immeuble d'habitation dans le centre de la ville. Le sinistre avait démarré au sein d'un appartement où se déroulait une fête d'anniversaire, et les fumées toxiques avaient déjà envahi la cage d'escalier, intoxiquant légèrement trois personnes. L'immeuble a été totalement évacué sans que l'on déplore de victimes sérieuses, hormis deux jeunes étudiants souffrant de sévères lacérations, blessures dont la nature n'a pas été révélée. Ils ont été admis en urgence au CHU. L'appartement, quant à lui, a été partiellement détruit par les flammes.
D'après les témoins présents à la soirée d'anniversaire durant laquelle se serait déclenché l'incendie, un ou plusieurs individus auraient agressé les participants et mis le feu à une nappe en papier. Ce point fait débat chez les enquêteurs. Les témoins, très choqués, ont en effet indiqué que la personne qui aurait perpétré l'agression serait une femme d'une vingtaine d'années. Son identité n'a pas été rendue publique. Même s'il apparaît curieux qu'une femme isolée ait pu attaquer un groupe d'une vingtaine de personnes, la Police ne néglige aucune hypothèse.

Mis en fuite par une femme !
Singulier fait divers que cette altercation rapportée par un groupe de sans-abris dans la nuit de samedi à dimanche. D'apparence peu rassurante avec leurs chiens-loups, trois hommes ont fait irruption au commissariat central du quai Waldeck-Rousseau afin de porter plainte pour agression. D'après les propos rapportés, les marginaux auraient subi l'attaque délibérée d'une femme seule qui aurait tenté d'étrangler l'un des membres du groupe et même de... mordre l'un des malheureux animaux alors que tous dormaient sous le pont de Pirmil, protégés du froid par une toile de tente de fortune. Les policiers ont enregistré la déposition des trois individus et, devant leur état d'alcoolisation sévère, les ont placé en cellule de dégrisement. Nul doute que leur version changerera quand ils auront de nouvau les pieds sur terre !